Page:Voragine - Légende dorée.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XXII
INTRODUCTION

Légende Dorée n’avaient point, pour un lecteur catholique, la même importance que pour ce ministre calviniste qui hantait leurs rêves. Car, si les protestants estiment que Dieu, après avoir parlé aux hommes depuis Adam jusqu’à Jésus-Christ, s’est tu à jamais dès qu’il nous à légué le Nouveau Testament, c’est, au contraire, la croyance des catholiques que, suivant sa promesse, il a « envoyé aux hommes son Esprit », pour continuer à les instruire et à les guider. Lors donc que la Sainte Église a proclamé saints des hommes dont, le plus souvent, la vie et les actes lui étaient connus de la façon la plus sûre et la plus directe, aucun catholique n’a le droit de contester le fait de leur sainteté. C’est ce que ne comprenait pas Launoi, quand, sous prétexte que ses recherches ne lui avaient pas démontré l’existence de sainte Catherine, il remplaçait l’office de cette sainte par une messe de Requiem : le « dénicheur de saints » prouvait simplement, par là, qu’il était un sot, à vouloir mettre ses petites recherches personnelles au-dessus de l’autorité de sa mère l’Église. Et, puisque la sainteté des saints de la Légende Dorée ne saurait faire de question pour nous, qu’importe ensuite que, à défaut de l’histoire véritable de leur vie, nous ayons de belles légendes qui certainement expriment, sinon les faits de cette vie, du moins son âme et son sens profond ? Ainsi l’entendaient les chrétiens des premiers siècles, qui ne tenaient nullement pour illicite d’embellir à leur fantaisie, dans leurs chroniques, la vie de la Vierge et des saints, pas plus que les vieux peintres ne s’interdisaient de représenter leurs traits à leur fantaisie.