Page:Voragine - Légende dorée.djvu/301

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clergé, puis venaient les moines et les religieux, puis les religieuses, puis les enfants, puis les laïcs mâles, puis les veuves et les vierges, enfin les femmes mariées. Et comme nous ne pouvons guère, aujourd’hui, compter dans notre procession sur le concours de ces divers éléments, nous remplaçons les sept rangs par sept récitations de la Litanie.

En troisième lieu cette fête s’appelle les Croix-Noires, parce que, en signe de deuil et de pénitence, non seulement toute la procession était vêtue de noir, mais les croix et les autels étaient voilés de crêpe noir.

La Litanie Mineure, qui se célèbre pendant les trois jours qui précèdent l’Ascension, a été instituée avant la Majeure, vers l’an 458, par saint Mamert, évêque de Vienne, sous le règne de l’empereur Léon. On l’appelle aussi les Rogations, et aussi la Procession.

On l’appelle Litanie Mineure par opposition à la Majeure, comme ayant été instituée par un moindre dignitaire de l’Église, en un lieu moindre, et dans de moindres circonstances. Il y avait alors à Vienne de fréquents tremblements de terre, qui renversaient les maisons et bon nombre d’églises ; on entendait, la nuit, des bruits effrayants ; et, le jour de Pâques un feu tomba du ciel, qui consuma le palais du roi. Et, de même qu’autrefois Dieu avait permis aux démons d’entrer dans le corps d’un troupeau de porcs, les loups et autres bêtes féroces entraient librement dans les maisons, dévorant enfants et vieillards, hommes et femmes. Devant une telle réunion de calamités, l’évêque susdit ordonna un jeûne de trois jours, institua les litanies et obtint de cette façon la cessation du mal dont souffrait la ville. Plus tard l’Église décréta que cette Litanie serait observée par tous les fidèles.

La Litanie Mineure s’appelle aussi fête des Rogations, parce que nous implorons, ces trois jours-là, les suffrages de tous les saints, leur demandant, par nos prières et nos jeûnes : 1o que Dieu pacifie les guerres, particulièrement fréquentes au printemps ; 2o qu’il conserve et multiplie les fruits, qui commencent à naître ;