Page:Voragine - Légende dorée.djvu/358

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coq jusqu’à la cinquième heure, puis se livrait à la prédication jusqu’à la nuit, et estimait que les quelques heures qui lui restaient suffisaient fort bien pour sa nourriture, son sommeil, et ses prières.

Lorsqu’il vint à Rome, Néron, qui n’était pas encore confirmé dans l’empire, apprit que les Juifs lui cherchaient querelle au sujet de leur loi et de la foi chrétienne ; mais il n’y prit point garde et laissa Paul aller librement où il voulait. Saint Jérôme, de son côté, raconte que, la vingt-cinquième année après la passion du Seigneur, et la seconde année du règne du Néron, Paul vint à Rome comme prisonnier, mais y resta deux ans libre, puis, relâché par l’empereur, alla prêcher l’évangile en Occident, et fut enfin décapité le même jour où saint Pierre fut crucifié, dans la quatorzième année du règne de Néron.

Sa science et sa piété étaient si éclatantes qu’il eut même pour disciples et pour amis plusieurs familiers de la maison de Néron, et que lecture fut faite devant Néron de quelques-uns de ses écrits. Un soir qu’il prêchait dans une cour, un jeune homme nommé Patrocle, que Néron aimait beaucoup, monta sur une fenêtre pour mieux l’entendre : il tomba de la fenêtre et se tua. Ce qu’apprenant, Néron, désolé de sa mort, lui choisit un successeur ; mais Paul se fit apporter le cadavre de Patrocle, le ressuscita, et l’envoya chez Néron avec ses compagnons. Et Néron, effrayé de cette visite de l’homme qu’il savait mort, refusa d’abord de le recevoir. Puis, quand il l’eut reçu : « Patrocle, tu es vivant ? » Et lui : « Oui, César ! » Et Néron : « Qui t’a rendu la vie ? » Et lui : « Jésus-Christ, roi des siècles ! » Alors, Néron, furieux : « Et ainsi, c’est ce roi que tu sers ? » Et lui : « Puissé-je servir celui qui m’a réveillé des morts ! » Au même instant cinq autres des familiers de l’empereur, qui se trouvaient là, lui dirent : « César, pourquoi t’irriter contre un jeune homme qui te répond la vérité ? Sache donc que, nous aussi, nous sommes les soldats de ce roi invincible ! » Ce qu’entendant, Néron les fit jeter en prison, malgré toute l’amitié qu’il avait eue pour eux.