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la légende dorée

Puis il fit rechercher tous les chrétiens, et, sans les interroger, les condamna tous aux plus affreux supplices. Et quand Paul, enchaîné, comparut devant lui : « Serviteur d’un grand roi, mais mon prisonnier ; pourquoi détournes-tu de leur devoir mes officiers ? » Et Paul : « Ce n’est pas seulement à ta cour que je recrute mes soldats, mais dans le monde entier. Et toi-même, si tu veux te soumettre à notre loi, tu seras sauvé ! Ce roi est si puissant, qu’il viendra juger tous les hommes et brûlera ce monde ! » Sur quoi Néron, furieux de ces paroles fit brûler tous les chrétiens à l’exception de Paul, qu’il condamna à avoir la tête tranchée comme coupable de lèse-majesté. Et tel fut le massacre des chrétiens que le peuple de Rome envahit le palais, menaçant de se révolter, et disant : « César, mets un terme au massacre car les hommes que tu fais périr sont nos parents, et les meilleurs soutiens de l’empire ! » Si bien que l’empereur, effrayé, révoqua son édit, et déclara qu’il se réservait le droit de juger les chrétiens.

Paul comparût donc une seconde fois devant lui. Et Néron, repris de fureur à sa vue, s’écria : « Emmenez d’ici et décapitez ce malfaiteur ! » Et Paul : « Néron, ma souffrance ne durera que quelques instants, et puis je vivrai pendant une éternité auprès de mon maître Jésus ! » Et Néron : « Coupez-lui la tête, pour qu’il sache que je suis plus fort que son maître ! Et nous verrons bien, ensuite, s’il vit encore ! » Et Paul : « Pour que tu saches que je continuerai de vivre après la mort de mon corps, je t’apparaîtrai vivant quand on m’aura coupé la tête ! Ainsi tu verras que le Christ est le Dieu de la vie, et non pas de la mort ! » Puis il se laissa conduire au lieu de son supplice.

En chemin, les trois soldats qui le conduisaient lui dirent : « Quel est donc ce foi que vous aimez tant, et quelle récompense attendez-vous de lui ? » Paul leur parla si bien du royaume de Dieu qu’il les convertit. Ils le prièrent de s’enfuir. Et lui : « Non, mes frères, je ne suis pas un fuyard, mais un soldat du Christ. Quand je serai mort, des fidèles enlèveront mes restes, pour le ?