Page:Voragine - Légende dorée.djvu/500

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pour m’épargner d’être témoin de tant de malheurs. » Ce fut cette troisième chose qu’il obtint. Le troisième mois du siège, il fut saisi de fièvre et dut s’aliter. Comprenant que l’heure de la dissolution de son corps était proche, il fit copier les sept psaumes de la pénitence et les fit coller sur le mur, en face de son lit, afin de pouvoir les lire à toute heure. Voulant se donner plus entièrement à Dieu, pendant les dix jours qui précédèrent sa mort, il ne laissa entrer personne auprès de lui, à l’exception du médecin et du serviteur chargé de lui porter sa nourriture. Cependant un malade parvint jusqu’à lui, le suppliant de lui imposer les mains pour le guérir de sa maladie. Et Augustin ; « Hé, mon fils, que demandes-tu là ? Crois-tu donc que, si j’avais un tel pou voir, je n’en userais pas pour moi-même ? » Mais le malade insistait, affirmant qu’une voix lui avait promis, en rêve, qu’Augustin lui rendrait la santé. Et Augustin, voyant sa foi, pria pour lui et le guérit. Il guérit aussi beaucoup de possédés, et fit encore une foule d’autres miracles. Il en raconte deux, dans la Cité de Dieu, sans dire que c’est lui-même qui les a opérés. C’est, d’abord, une jeune fille qui fut délivrée de la possession du démon quand elle fut frottée avec une huile où un prêtre avait mêlé ses larmes, en priant pour elle. Et. c’est ensuite un évêque guérissant, par ses prières, un jeune homme qu’il n’avait jamais vu. Dans les deux cas, Augustin nous parle évidemment de lui-même ; et son humilité seule l’empêché de se nommer.

Au moment même de mourir, Augustin, inspiré de Dieu, enseigna à ses frères que jamais un chrétien ne devait mourir sans la confession et l’eucharistie, quels que fussent, par ailleurs, ses mérites. Il mourut dans la soixante-dix-septième année de son âge, et la quarantième de son épiscopat, ayant tous les membres intacts, ainsi que la vue et l’ouïe. Il ne fit point de testament, attendu que, en sa qualité de pauvre du Christ, il n’avait rien à léguer. Ce grand saint, qui, par son génie et sa science, dépasse incomparablement tous les autres docteurs de l’Église, florissait vers l’an 400.