Page:Voragine - Légende dorée.djvu/506

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mon âme, j’ai détruit mon honneur ! » Le mari, revenant à la maison, et trouvant sa femme toute en larmes, sans savoir la cause de son chagrin, s’ingéniait à la consoler : mais elle se refusait à toute consolation.

Le lendemain matin, elle se rendit dans un couvent de nonnes, et demanda à l’abbesse si Dieu avait pu connaître un grave péché qu’elle avait commis la veille ; après la tombée du soir. Et l’abbesse : « Rien n’est caché à Dieu, qui voit et sait tout ce qui arrive, sans distinction d’heure ni de lieu. » Alors la jeune femme, pleurant amèrement, dit : « Donne-moi le livre du saint Évangile, pour que j’y cherche moi-même ma destinée ! » Elle ouvrit le livre et lut : « Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit ! »

Elle revint chez elle ; et un jour, pendant que son mari était absent, elle se coupa les cheveux, revêtit un vêtement d’homme, et se rendit dans un couvent de moines, qui était à huit lieues d’Alexandrie. Là, elle demanda à être admise parmi les moines, et sa demande lui fut accordée. Interrogée sur son nom, elle dit qu’elle s’appelait Théodore. Puis sous le nom de frère Théodore, elle remplit toutes les tâches les plus dures du couvent, avec une humilité parfaite et à la satisfaction de tous.

Quelques années plus tard, l’abbé ordonna au frère Théodore d’atteler deux bœufs et d’aller chercher de l’huile à Alexandrie. Or, le mari de Théodore ne cessait point de pleurer et de se désoler, pensant que sa femme, s’en était allée avec un autre homme. Et voici qu’un ange lui apparut, qui lui dit : « Demain matin, lève-toi de bonne heure et va sur le chemin du martyre de l’apôtre Pierre ; et la première personne que tu rencontreras, ce sera ta femme Théodore ! » En effet, Théodore, dès qu’elle aperçut son mari, le reconnut, et se dit : « Hélas ! mon cher mari, combien je peine pour être rachetée du péché que j’ai commis envers toi ! » Mais, lorsqu’elle fut près de lui, elle se borna à le saluer, en disant : « Grâces soient rendues à Notre-Seigneur ! » Le mari, lui, ne la reconnut pas sous son déguisement, et passa toute la journée et la nuit à attendre sa femme sur le chemin. Et, le lendemain matin, une voix d’en haut lui dit : « Le