Page:Voragine - Légende dorée.djvu/537

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en prie, au nom de votre Dieu, dites-moi quelle est la récompense que vous attendez pour tant de tortures ! » Et les saints lui dirent : « La récompense que Dieu accorde à ceux qui l’aiment, jamais l’œil n’en a vu de semblable, ni l’oreille n’en a entendu, ni le cœur n’en a rêvé. » Alors Adrien, s’avançant, dit à l’empereur : « Inscris-moi avec eux, car, moi aussi, je suis chrétien ! » Ce qu’entendant, l’empereur le fit charger de chaînes et jeter en prison.

Et Nathalie, femme d’Adrien, quand elle sut l’arrestation de son mari, fondit en larmes et déchira ses vêtements. Mais quand elle apprit que c’était pour la foi du Christ qu’Adrien avait été emprisonné, toute joyeuse elle courut à la prison et se mit à baiser les chaînes de son mari et des autres martyrs. Car elle était chrétienne ; mais, par crainte de la persécution, elle s’en était cachée. Et elle dit à son mari : « Heureux es-tu, Adrien, mon seigneur, d’avoir trouvé des richesses bien supérieures à celles que t’ont laissées tes parents, des richesses dont seront privés, au jour du jugement, ceux-là même qui possèdent les plus grands biens ! » Elle l’exhorta ensuite à dédaigner toute gloire terrestre, à n’écouter ni amis ni parents, et à avoir toujours le cœur levé vers les choses du ciel. Et Adrien lui dit : « Va-t’en maintenant, ma sœur ! le jour de notre supplice, je te ferai venir, afin que tu assistes à nos derniers moments. » Et Nathalie rentra dans sa maison, après avoir recommandé aux autres saints d’instruire son mari et de l’encourager.

Lorsque Adrien sut que le jour du dernier supplice était arrivé, il obtint de ses gardiens, moyennant des présents, qu’ils lui permissent d’aller jusque dans sa maison pour chercher sa femme, afin de tenir la promesse qu’il lui avait faite. Et quelqu’un, en le voyant venir, le devança, et courut dire à Nathalie : « Ton mari a été relâché, car le voici qui vient ! » Et elle, s’imaginant qu’Adrien avait eu peur du martyre, pleurait amèrement. Dès qu’elle l’aperçut, elle se hâta de fermer devant lui la porte de la maison en disant : « Que s’éloigne de moi celui qui s’est éloigné de Dieu ! » Et, se tournant