Page:Voragine - Légende dorée.djvu/548

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pli d’un saint zèle, l’avait attaqué, battu et repoussé jusqu’à Ctesiphon. Là Cosroës, atteint de dysenterie, avait voulu couronner roi son fils Medase. Ce qu’apprenant, son fils aîné, Syroïs, s’était allié avec Héraclius, avait jeté son père en prison et l’avait enfin fait tuer à coups de flèches. Il avait ensuite rendu à Héraclius le bois de la croix, ainsi que le patriarche Zacharie, que Cosroës avait également emmené de Jérusalem. Et l’empereur s’était empressé de rapporter la croix à Jérusalem, d’où il l’avait ensuite transportée à Constantinople.

II. À Constantinople, un Juif, étant entré dans l’église de Sainte-Sophie, avait aperçu une image du Christ. Voyant qu’il était seul, il tira son épée, visa l’image et frappa le Christ à la gorge : et aussitôt un flot de sang jaillit, qui arrosa le visage et toute la tête du Juif. Celui-ci, épouvanté, prit l’image, la jeta dans un puits, et s’enfuit. Il fut rencontré par un chrétien, qui lui dit : « D’où viens-tu, Juif ? Tu as commis un meurtre ! » Et comme le Juif niait, le chrétien lui dit : « Certes, tu as commis un meurtre, car tu as encore la tête tout arrosée de sang ! » Et le Juif : « En vérité le Dieu des chrétiens est un grand Dieu, et tout confirme sa foi ! Ce n’est pas un homme que j’ai frappé, mais l’image du Christ, et aussitôt le sang a jailli de sa gorge ! » Puis le Juif conduisit ce chrétien jusqu’au puits, d’où l’on retira l’image sainte. Et, aujourd’hui encore, on voit la trace de la blessure dans la gorge du Christ.

III. Dans la ville de Berith, en Syrie, un chrétien, qui avait loué un logement à l’année, avait fixé au mur une croix, devant laquelle il faisait ses prières. Mais, au bout d’une année, il se loua un autre logement et oublia d’emporter le crucifix. Le logement fut alors loué à un Juif qui, un jour, invita à dîner un de ses concitoyens. Et voici que, à table, l’invité aperçoit sur le mur le crucifix. Furieux, il demande à son hôte comment il ose garder chez lui l’image du Nazaréen. En vain l’hôte lui jure, par tous les serments de sa race, que jamais encore il ne s’est aperçu de la présence du crucifix. L’invité feint de se calmer, dit adieu à son hôte affectueusement, et s’en