Page:Voragine - Légende dorée.djvu/579

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au bord de la mer, à une distance de six milles de la ville d’Avranches. Saint Michel apparut à l’évêque de cette ville et lui ordonna de lui élever une église en cet endroit. Et comme l’évêque doutait de l’endroit exact ou devait être construite l’église, l’archange lui dit qu’elle devait s’élever à l’endroit où l’on trouverait un taureau caché par des voleurs. Or il y avait, dans cet endroit, deux roches qu’aucune force humaine ne pouvait soulever. Saint Michel apparut à un habitant, lui pardonna de se rendre en ce lieu, et de soulever les roches. Et l’homme les souleva aussi aisément que si elles n’avaient eu aucun poids. Ainsi fut construite cette église ; et l’on y transporta, de l’église du mont Gargan, une partie du manteau que l’archange avait déposé sur l’autel, et une partie du marbre sur lequel s’étaient posé ses pieds. Et, comme on manquait d’eau en cet endroit, l’archange dit de creuser un trou dans un rocher très dur ; et aujourd’hui encore l’eau en jaillit, avec une extrême abondance. Cette apparition est célébrée en ce lieu, le 17 novembre, par une fête solennelle.

Le même lieu fut témoin d’un autre miracle mémorable. Il y a là une montagne que la mer entoure de toutes parts ; mais, le jour de la fête de saint Michel, un passage s’y ouvre pour le peuple. Or, un jour qu’une grande foule s’y pressait vers l’église, une femme s’y trouvait mêlée qui était enceinte et près d’accoucher. Et voici que, tout à coup, les vagues affluèrent d’un grand élan, et toute la foule épouvantée s’enfuit sur le rivage, à l’exception de la femme enceinte qui, ne pouvant fuir, fut prise par les flots. Mais l’archange saint Michel la garda de tout mal. Au milieu des flots, elle enfanta un fils, qu’elle allaita de son sein ; puis la mer lui livra passage, et on la vit sortir avec son enfant.

La troisième apparition eut lieu à Rome, au temps du pape Grégoire. Ce pape avait institué de grandes litanies, à cause de la peste qui sévissait à Rome. Et un jour, comme il priait pour son peuple, il vit d’abord, au-dessus d’une forteresse appelée autrefois le tombeau d’Adrien, un grand ange qui essuyait un glaive tout