Page:Voragine - Légende dorée.djvu/580

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sanglant et le remettait au fourreau. Saint Grégoire reconnut l’archange Michel, et, comprenant que sa prière avait été exaucée, il fit construire en cet endroit une église en l’honneur des saints Anges. Et, aujourd’hui encore, la forteresse porte le nom de Fort Saint-Ange. Le souvenir de cette apparition se célèbre le 7 mai, en même temps que celui de l’apparition du mont Gargan.

La quatrième apparition est celle que nous raconte, l’Histoire tripartite. Il y a, près de Constantinople, un endroit où l’on célébrait autrefois la déesse Vesta, mais où s’élève aujourd’hui une église en l’honneur de saint Michel, et cet endroit porte le nom de Michaëlium. Un homme, appelé Aquilin, y souffrait de la fièvre. Les médecins lui donnèrent une potion ; mais il la rendit, et ensuite il rendait tout ce qu’il avalait. Se voyant sur le point de mourir, il se fit transporter au lieu que j’ai dit ; et là saint Michel, lui apparaissant, lui dit de faire, avec du miel, du vin et du poivre un breuvage où il tremperait tous ses aliments : Aquilin le fit, et fut guéri, bien que ce fût chose contraire aux lois de la médecine de faire prendre à un fiévreux des boissons chaudes.

2o Non moins nombreuses sont les victoires de saint Michel. La première est celle qu’il fit remporter aux habitants de la susdite ville de Manfrédonie. En effet, peu de temps après l’apparition du mont Gargan, les Napolitains, encore païens, se mirent en guerre contre les habitants de Manfrédonie et ceux d’une ville voisine, Benévent. Les Manfrédoniens, sur le conseil de leur évêque, demandèrent un armistice de trois jours, pendant lesquels ils jeûnèrent et invoquèrent l’assistance de leur patron saint Michel. La troisième nuit, saint Michel apparut à l’évêque, lui dit que ses prières étaient exaucées, promit la victoire à ses concitoyens, et leur conseilla d’attaquer l’ennemi à quatre heures du matin. Et à peine l’attaque était-elle commencée que le mont Gargan mugit terriblement, les éclairs luirent en foule, suivis d’une obscurité profonde ; et six cents hommes de l’armée, ennemie périrent, tant par le fer des Manfrédoniens, que par les flèches de feu provenant d’un arc invisible.