Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/18

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verte » il goûtait cette existence « en beauté » vers laquelle il aspirait de toutes les forces de son être ; surtout, il trouvait ce qui lui manquait si douloureusement dans son triste foyer : un cœur de femme épris comme lui de beauté et d’idéal, capable de le comprendre, de vibrer à l’unisson de son âme…

Cette vie heureuse, dans un asile paisible, au sein d’une belle nature, dans un milieu de chaude affection, Wagner la vécut pendant un an, de l’été de 1857 jusqu’à l’été de 1858. Ce fut une halte exquise et courte sur l’âpre chemin de son existence agitée. Puis vint le réveil brutal et douloureux — inévitable aussi. Que se passa-t-il entre Mathilde Wesendonk et lui pendant la crise de deux mois qui précéda son départ pour Venise ? Dans ses Souvenirs, Mme Wesendonk écrivait seulement : « R. Wagner aimait son « Asyle »… C’est avec douleur et tristesse qu’il l’a quitté — volontairement quitté ! Pourquoi ? Question oiseuse ! Comme témoignage de cette époque nous avons sa grande œuvre : Tristan et Iseut ! Le reste est mystère et respectueux silence ! Der Rest ist Schweigen und sich neigen in Ehrfurcht !… » La publication des lettres et journaux de Wagner sont les témoignages émouvants de ce drame intime qui se déroula entre les habitants de la « Colline verte. » Ils nous montrent comment Wagner et sa confidente, après avoir insensible-

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