Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/239

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dans mon travail par les Härtel, dont la bouderie m’eût laissé indifférent, mais qui m’ont vraiment touché par leur grande joie de recevoir le manuscrit du 3e acte : ils avaient entendu dire que je voulais m’interrompre pour longtemps. Donc, je me dépêche ! Si vous me voyez arriver auprès de vous, ce ne sera qu’avec le portefeuille rouge ou absolument aux abois ! Choisissez ! J’espère que ce sera avec le portefeuille rouge ; mais j’ai besoin d’un peu de patience encore : cela ne va pas vite. Si seulement ça marchait, ce serait déjà bien beau !

Ce matin, le bon Dieu se promenait en personne par les rues ici. C’était le jour de la Fête-Dieu. La ville entière participait aux processions devant les maisons vides, conduite par les prêtres, qui s’étaient même revêtus de robes de chambre d’or à cette occasion. Cependant la procession des Capucins était profondément impressionnante : au milieu de cette révoltante comédie d’une religion de pacotille, tout à coup cette atmosphère grave et mélancolique ! Heureusement, je ne les ai pas vus de trop près. Toutefois j’ai déjà remarqué une couple de physionomies niaises, quoique vénérables, sous les capuchons d’ici. Le crucifix, également, captive toujours mon attention. Hier soir, les malins, discernant à la direction du vent que nous aurions beau temps aujourd’hui, firent prier les enfants dans les églises, à l’effet

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