Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/55

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répondre, si ce n’est d’une manière digne de toi ? —

Les luttes formidables que nous avons soutenues, comment pouvaient-elles finir autrement que par la victoire remportée sur toutes nos aspirations, sur tous nos désirs ?

Ne savions-nous pas, même dans les minutes les plus ardentes où nous étions l’un près de l’autre, que tel était notre but ?

Certainement ! C’était précisément en raison de l’inouï, de la difficulté, que nous ne pouvions y parvenir qu’au prix des luttes les plus pénibles. Mais est-ce que nous n’avons point connu, maintenant, toutes les luttes ? Quelles autres luttes pourraient donc encore nous attendre ? Vraiment, je sens au plus profond de moi-même que nous en avons vu la fin ! —

Quand, il y a un mois, j’exprimai à ton mari ma décision de rompre toutes relations personnelles avec vous deux, j’avais… renoncé à toi. Cependant je ne me sentais pas encore tout à fait pur ; je me rendais compte que seule une séparation complète, ou bien — une union absolue, pouvait sauver notre amour de ces terribles proximités, auxquelles nous l’avions vu exposé dans ces derniers temps. Ainsi, en regard du sentiment que notre séparation était nécessaire, se trouvait la possibilité d’une union, sinon voulue, du moins conçue. De là une tension

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