Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/75

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est absolument indispensable dans le rôle de Marie Stuart (je ne l’avais d’abord pas remarqué, parce que pareille observation ne peut s’appliquer au rôle de Médée). Dans le rôle de Marie Stuart il faut de la spiritualité, de l’enthousiasme, une intense, une passionnée chaleur. L’insuffisance de l’artiste était vraiment pénible à constater et je sentais, avec quelque orgueil, la hauteur et la signification de l’art allemand, me souvenant d’avoir déjà vu plusieurs tragédiennes allemandes jouer ce rôle avec une chaleur communicative, même entraînante, tandis que la Ristori, en passant rapidement de la prose raffinée à des effets de plastique pour ainsi dire animale, prouvait qu’elle ne se rendait même pas compte de la nature de son rôle, qu’elle n’était pas capable de le jouer. C’était vraiment lamentable et agaçant. C’est bien cette spiritualité de l’art allemand qui rend possible ma musique et, par elle, mes poèmes. Au contraire, combien sont éloignées de tout ce que je puis créer ces évolutions franco-italiennes ! Et néanmoins l’élément spirituel agit sur les Italiens et les Français, à leur insu, lorsqu’il leur vient du dehors, de sorte que je ne puis le considérer comme une caractéristique particulièrement allemande : j’ai pu m’en rendre compte par les impressions qu’éprouvèrent certaines personnes lors de représentations de mes œuvres. — Où donc gît

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