Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/76

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alors la différence entre l’idéalisme dont je parle et ces effets de plastique réaliste ? Rappelle-toi la scène de Marie Stuart, au troisième acte, quand elle adresse, dans le jardin, une invocation à la liberté : imagine la Ristori négligeant presque tout ce qui, dans cette haine naissante contre Elisabeth, ne lui fournit pas l’occasion d’exhiber sa virtuosité de mimique rapide et variée. — Ces explications ne te rendent point la chose absolument claire. Mais certainement tu comprendras vite ce que je veux dire, quand je te remémorerai notre amour…

7 Septembre.

Aujourd’hui j’ai reçu une lettre de Madame Wille. Ce sont les premières nouvelles de toi. D’après ce qu’elle écrit, tu es résignée, calme et résolue à aller jusqu’au bout dans la voie du renoncement ! Les parents ; les enfants ; les devoirs. —

Comme cela s’accordait mal avec mon état d’âme à la fois divinement serein et grave ! —

En pensant à toi, jamais ne me sont venus à l’esprit les parents, les enfants, les devoirs ; je savais seulement que tu m’aimais et que tout ce qui est élevé et fier en ce monde doit souffrir. De cette hauteur, je m’effraye de voir exactement déterminées les circonstances qui nous rendent malheureux. Alors je t’aperçois soudain dans ta magnifique demeure ; je vois toutes les

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