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ainsi il arriva que à la Renaissance nous rencontrâmes d’abord ces arts grecs isolés tels qu’ils s’étaient développés des ruines de la tragédie : la grande synthèse d’art des Grrecs ne pouvait se présenter du premier coup dans son ensemble à notre esprit dispersé, incertain de lui-même ; car comment l’aurions nous comprise ? Mais nous sûmes bien nous approprier ces métiers d’art isolés ; car en tant que nobles métiers, degré auquel les arts étaient déjà descendus dans le monde gréco-romain, ils n’étaient pas si loin de notre esprit et de notre essence : l’esprit de corporation et de métier de la nouvelle bourgeoisie était en pleine activité dans les villes ; les princes et les patriciens prirent goût à faire construire et orner d’une manière plus agréable leurs châteaux, à faire décorer de peintures leurs salles avec plus d’attrait que ne l’avait pu faire l’art grossier du moyen âge ; les prêtres s’emparèrent de la rhétorique pour les chaires, de la musique pour le chœur de l’église ; et le nouveau monde de métiers s’initia avec ardeur aux différents arts des Grecs, dans la mesure où ils lui parurent compréhensibles et adaptés à son but.

Chacun de ces arts séparés, grassement nourri et cultivé pour le plaisir et la distraction des riches, a maintenant entièrement rempli le monde de ses produits ; en chacun