Page:Wagner - L’Art et la Révolution, 1898, trad. Mesnil.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 91 —

plus des métiers industriels : commençons donc à délivrer l’art public, puisque comme je l’ai montré précédemment à lui est dévolu dans notre mouvement social, une tâche infiniment haute, une activité extraordinairement importante. Plus et mieux qu’une religion vieillie, niée par l’esprit public, plus effectivement et d’une manière plus saisissante qu’une sagesse d’État qui depuis longtemps doute d’elle-même, l’Art, éternellement jeune, pouvant trouver constamment en lui-même et dans ce que l’esprit de l’époque a de plus noble, une fraîcheur nouvelle, l’Art peut donner au courant des passions sociales qui dérive facilement sur des récifs sauvages ou sur des bas-fonds, un but beau et élevé, le but d’une noble humanité.

Si vous, amis de l’Art avez réellement souci de sauver l’Art menacé par la tempête, sachez donc qu’il ne sagit pas de le conserver seulement, mais de le faire parvenir au plein épanouissement de sa vie propre.

Hommes d’État honnêtes, qui vous opposez au renversement de la société pressenti par vous, probablement pour cette unique raison que, votre foi dans la pureté de la nature humaine étant ébranlée, vous ne pouvez comprendre ce renversement que dans le sens de la transformation d’une situation défectueuse en une situation pire encore : si vous avez