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d’Œuvre d’art de l’avenir. C’est le titre que je donnai à un écrit développé dans lequel j’exposais avec plus de détails les idées que je viens d’indiquer ; c’est à ce titre que nous sommes redevables (soit dit en passant) de ce spectre, si bien inventé, d’une « musique de l’avenir. » Ce spectre est devenu si populaire qu’on l’a vu courir comme un revenant jusque dans des écrits français. Vous pouvez à cette heure comprendre clairement sur quel malentendu cette invention a été imaginée, et dans quel but.

Je vous épargnerai encore, Monsieur, une analyse détaillée de cet écrit. Je ne lui accorde moi-même d’autre valeur que celle que peuvent y trouver des esprits, pour lesquels il ne serait pas sans intérêt d’apprendre comment et sous quelle forme un artiste, qui produit, s’est efforcé d’arriver, par tous les moyens, à la solution de problèmes réservés jusque-là aux critiques de profession, mais qui ne peuvent guère s’imposer à ceux-ci de la même manière qu’à l’artiste.

J’userai de la même réserve avec un troisième que je publiai peu de temps après le précédent sous ce titre : Opéra et Drame. Je ne veux que vous en esquisser rapidement le contenu ; je ne puis, au surplus, m’empêcher de croire que les vues qui s’y trouvent exposées dans le plus grand détail ont eu alors plus d’intérêt pour moi qu’elles ne sauraient en avoir pour d’autres désormais. C’étaient des méditations intimes, que, sous l’aiguillon de l’intérêt extrêmement vif que je prenais à mon objet, je me laissais aller à présenter en partie avec un caractère polémique, et cet objet était une recherche attentive des rapports que la poésie soutient