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mélodie, en un mot, cette mélodie est déjà construite poétiquement.

S’il était arrivé que mon procédé eût en général réussi, peut-être cela seul suffirait-il pour obtenir de vous le témoignage que ce procédé a produit une fusion infiniment plus intime du poëme et de la musique que les procédés antérieurs. S’il m’était permis d’espérer en même temps que vous trouviez dans l’exécution poétique du Tristan plus de valeur que n’en comportaient mes travaux antérieurs, cette circonstance vous amènerait à une conclusion inévitable, c’est que la forme musicale déjà complètement figurée dans le poëme aurait au moins été avantageuse au travail poétique. Si donc, par cela seul qu’elle est figurée dans le poëme, la forme musicale lui donne une valeur particulière et qui répond exactement au but poétique, il ne s’agit plus que de savoir si la forme musicale de la mélodie n’y perd elle-même rien de la liberté de ses allures et de son développement.

Permettez-moi de répondre à cette question au nom du musicien, et de vous dire avec le plus profond sentiment de l’exactitude de cette affirmation : Au contraire, la mélodie et sa forme comportent, grâce à ce procédé, une richesse de développement inépuisable, et dont on ne pouvait sans lui se faire une idée.

Je ne saurais, je crois, mieux terminer ces éclaircissements que par une démonstration théorique de ce que je viens d’avancer. Je l’essayerai en ne m’occupant plus maintenant que de la forme musicale seule, de la mélodie.