Page:Wagner - Quinze Lettres, 1894, trad. Staps.djvu/51

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de l’Edda, disait-il, et il fut à plusieurs reprises question du vers allitéré. Il parlait avec reconnaissance de l’asile qu’il avait trouvé à Zurich, et du bien-être qu’il ressentait à vivre enfin délivré d’une position qui lui répugnait jusqu’au fond de l’âme.

De ce jour, il vint souvent à Mariafeld, soit avec sa femme, soit avec Herwegh, et restait parfois toute la journée. Souvent aussi ils y passaient la nuit.

« Mon mari n’a rien fait de mal », nous raconta Mme Minna, un jour que nous étions assises au jardin sous les noyers, attendant les messieurs pour le café, " il a seulement regardé du haut d’une tour les renforts qui sortaient des villages pour accourir au secours de la ville. Il n’est pas monté sur les barricades, comme on l’a dit ; il n’avait pas d’armes et il n’a dû son salut qu’à la fuite, quand les soldats prussiens sont entrés dans Dresde. " Mme Minna avait traversé bien des épreuves avec son mari, mais l’horreur qu’elle éprouvait au souvenir des derniers temps passés en Saxe, effaçait tout le reste. Elle revenait à la vie dans sa riante demeure de Zurich et était pour son mari une ménagère pleine de sollicitude. Elle aimait la société, surtout celle de ses compatriotes. Les amis enthousiastes de Wagner accueillaient aussi sa femme avec plaisir.