Page:Wanda - La femme au doigt coupé, 1886.djvu/20

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À ce pas bien connu, la jeune fille tressaillit ; ses joues se colorèrent d’un rose vif ; son cœur battit à se rompre dans sa poitrine. Tout à coup la porte s’ouvrit brusquement et Ben parut.

— Ah ! Enfin ! dit la jeune fille en comprimant l’élan de son cœur, qui l’entraînait avec force vers le jeune homme.

— Enfin ! Oui, c’est moi, ma Jenny. J’ai échappé miraculeusement à la mort ; je n’ai pris que le temps de rassurer ma vieille mère, et me voilà, chère Jenny, ajouta-t-il en prenant les mains de la jeune fille. Ainsi, tu as été inquiète ?

— Oh ! Oui, répondit-elle, bien inquiète. Tu le sais, Ben, tu es mon seul ami, et il me semble que… elle n’acheva pas et rougit.

Ben s’élança vers elle.

— Tu ne sais pas, Jenny, lui dit-il, je vais te faire un aveu. Si tu savais combien j’ai pensé à toi, lorsque je croyais ne plus te revoir. Je te voyais alors, seule, sans soutien et… Jenny, veux-tu être ma femme ?

À ces paroles la jeune fille pâlit, puis s’affaissa sur la chaise voisine ; de ses deux mains, elle comprimait les violents battements de son cœur et ne pouvait articuler une parole.

— Tu ne réponds pas, Jenny, s’écria Ben éperdu ; tu ne m’aimes donc pas ! Ah ! Je suis bien malheureux !

Alors, levant ses beaux yeux noyés de larmes sur son ami : Je t’aime, Ben et serais heureuse et fière d’être ta femme. Peut-être même, ajouta-t-elle en souriant, t’ai-je aimé la première. Mais je dois te révéler aujourd’hui le secret de ma vie. Je n’ai pas connu mes parents ; il ne me reste qu’un faible souvenir de ma mère. Elle était jeune et belle et devait être riche. J’ai été élevée par une vieille bonne, qui s’appelait Agathe, et qui, en mourant, m’a remis des papiers, en me disant qu’ils me serviraient à retrouver ma mère et ma fortune.

— Et ces papiers, Jenny ? s’écria Ben.