Page:Wanda - La femme au doigt coupé, 1886.djvu/21

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— Je les ai ; ils sont ici.

Alors, la jeune fille se dirigea vers son lit où elle les tenait cachés ; puis, tout à coup, Ben la vit chanceler et pâlir ; un cri rauque s’échappa de sa poitrine.

— Volés ! fit-elle, ils ont été volés !

— C’est impossible, Jenny, tu cherches mal, ou tu as oublié l’endroit où ils étaient.

— Non ! Non ! Ben ! Ils n’ont, jamais quitté cette place !

— Mais depuis quand ont-ils disparu ? Te rappelles-tu la dernière fois que tu les as regardés ?

— Il ne doit pas y avoir plus de deux jours. Ah ! Je sais ! reprit elle vivement, je ne puis oublier la date ; car un incident s’y rattache. C’était hier. J’étais assise dans ma chambre et occupée à feuilleter ces papiers, tâchant d’y découvrir quelque chose, quand tout à coup, tu sais, madame Martin, la voisine, qui demeure à côté, de moi, se précipita dans ma chambre, en me disant qu’un meurtre venait d’être commis à l’hôtel Saint-André… Tu as dû entendre parler de cela ?

— Certainement, répondit Ben, intéressé au plus haut point. Mais tu es sortie alors ? Car enfin, pour les voler il fallait que tu n’y fusses point ?

— Oui, je suis allée, hier soir entre cinq et six heures, reporter une robe au Beaver Hall.

— Ah ! fit simplement Ben, en se parlant à lui-même, c’est une étrange coïncidence : cette femme, cet anneau, ces papiers… puis voyant le désespoir de Jenny : Rassure-toi, ma chérie, je connais intimement des détectives renommés. Nous les retrouverons tes papiers, je te l’assure ; et, quoi qu’il arrive, tu seras ma femme. Cette idée me donne du courage ; et, dès à présent, à l’œuvre, ma Jenny !

— Cher Ben, comme je t’aime, soupira la jeune fille ; et les deux jeunes gens échangèrent alors leur premier baiser de fiançailles, dans la petite chambre, au milieu des fleurs et du tic-tac du coucou ; chaste baiser dans lequel leurs deux âmes s’unirent dans un lien indissoluble.

Ben s’arracha le premier à cette délicieuse étreinte et s’élança vers la porte.