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— À bientôt, chère petite femme ; tes papiers seront mon cadeau de noce !

CHAPITRE VI
UNE TRAME SAVAMMENT OURDIE

En sortant de la rue Saint-Constant, Ben se dirigea immédiatement vers la demeure de Lafortune, qu’il ne trouva pas chez lui, à son grand désappointement. Quelques voisins questionnés, répondirent qu’on n’avait pas vu le policier depuis le matin. Un individu était venu le chercher à la première heure, et, depuis ce moment, il n’avait pas reparu.

— Pourvu, pensa Ben, qu’il ne soit pas enfermé, comme moi ! J’aurais cependant eu bien besoin de lui parler. Enfin, agissons seul ; et commençons d’abord par surveiller les abords de cette maison, où se trouve un homme à la main marquée, qui a assez peur d’être reconnu, pour emprisonner les gens qui ont l’air de le suivre. J’ai un compte à régler avec lui et quelque chose me dit que je trouverai là une partie de ce que je cherche.

Notre jeune héros alla donc s’installer, près de la maison, dans un terrain vague. Placé derrière les palissades qui entouraient ce terrain, il pouvait, à son aise, surveiller tous les environs de la maison. Il alluma une pipe puis attendit. La fin de la journée se passa sans qu’il eût rien remarqué de suspect. Mais il était à peu près six heures du soir, quand un bruit de porte excita son attention ; il vit alors un homme sortir dans la rue, et au bout de quelques secondes, il reconnut aisément dans ce promeneur nocturne, celui qui l’avait enfermé, la veille, l’homme à la main marquée.

— Ah ! mon gaillard ! à nous deux ! cette fois j’ai une revanche à prendre ! puis Ben se mit en devoir de le suivre de façon à ne pas être remarqué.

Il avait d’ailleurs changé son costume et s’était rendu méconnaissable. Cet excès de prudence ne fut pas inutile. Avant de poursuivre sa route, l’homme commença par s’assurer que personne ne le suivait : puis il continua son chemin. Il marcha