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Mais il ne découvrit rien de particulier ; et il se borna simplement à constater que ces deux chambres seules étaient occupées, plus une petite cuisine ; et que le reste de la maison était complètement vide.

Alors, Ben jugea inutile de prolonger la situation critique dans laquelle pouvait le jeter le réveil de Félix. Il éteignit la lampe qu’il avait allumée et se dirigea vers la porte, à pas de loup et en retenant sa respiration. En quelques minutes il fut dans la rue.

— Mais j’y songe, se dit-il, après avoir inspecté l’extérieur de la maison, de façon à la reconnaître plus tard au grand jour ; à cette heure-ci, il n’y a plus de traverse. Que faire ?… Parbleu ! ajouta-t-il gaiement, le pont Victoria n’a pas été fait uniquement pour les canards ; et il se mit en devoir de prendre ce chemin.

Le trajet fut long ; mais la nuit était belle, et Ben, heureux d’ailleurs de ce qu’il venait d’apprendre, était disposé à voir les choses du bon côté. Il réfléchit à ce qu’il ferait le lendemain. Sa première visite serait pour Jenny. Comme elle allait être contente de retrouver ses papiers perdus ! Puis ensuite, il irait chez Lafortune ; car, pensait-il, il est grand temps de se mettre à l’affût, et si nous attendions plus longtemps, le gibier pourrait bien nous passer entre les jambes.

Il était très tard quand il rentra chez lui. Son premier soin fut de se jeter sur son lit, et il ne tarda pas à s’endormir avec la quiétude que donnent une bonne conscience et une journée bien remplie.

CHAPITRE VIII
AU FEU ! AU FEU !

Il faisait nuit, déjà. Les rues commençaient à devenir désertes. De rares passants attardés rentraient chez eux, d’un pas pressé, lorsque, les cris au feu ! au feu ! mirent en émoi une