Page:Wanda - La femme au doigt coupé, 1886.djvu/36

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— Où donc vous ai-je pris, cocher ?

— Mais, rue Notre-Dame, bourgeois.

— Oui, mais vous étiez arrêté devant une maison. Quel numéro portait-elle ?

— 2208, répondit l’automédon, tout en regardant de travers son interlocuteur. Mais pourquoi me demandez-vous cela ?

— J’ai besoin d’avoir quelques renseignements, reprit Lafortune ; et si vous voulez me les donner, tenez : voici de quoi boire à ma santé, acheva-t-il, en lui glissant une piastre dans la main.

— Demandez, demandez, mon bourgeois ; je suis tout à votre service, reprit le cocher, à qui cette dernière offre avais complètement délié la langue.

— Où avez-vous pris l’individu qui était tout à l’heure en voiture ?

— Au milieu de lu rue ; il m’a appelé comme vous, tout à l’heure ; puis m’a dit de le conduire au No. 2208 de la rue Notre-Dame. C’est là que je l’ai laissé et que vous m’avez pris.

— Comment était-il ?

— Gros, assez grand, paraissant très fort ; et surtout une main énorme, avec du poil dessus. Je l’ai même remarquée, parce que la porte de la voiture était très dure à ouvrir ; je ne pouvais pas y arriver ; alors il m’a regardé en riant, et avec deux doigts, il l’a ouverte du premier coup ; c’est alors que j’ai vu sa main.

— C’est bien ; je vous remercie, mon ami, fit Laforturne ; et, lui glissant encore quelque menue monnaie dans la main il allait entrer dans la maison à la porte de laquelle il était descendu, quand une réflexion l’arrêta.

— Non, se dit-il, j’aurai toujours le temps ; battons le fer pendant qu’il est chaud ; et changeant de route, il se dirigea vers le No. 2208 de la rue Notre-Dame, afin d’établir une surveillance autour de la maison, dans laquelle était entré l’individu que venait de lui dépeindre le cocher.