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— Ah ! monsieur Lafortune, dit la maîtresse de l’établissement, une femme entre trente et quarante ans, accorte, douée d’un certain embonpoint et qui avait évidemment dû être fort admirée, il y a quelque vingt ans. Par ici, par ici, dit-elle ; c’est au numéro 10, pauvre femme ! c’est affreux ! Et riche avec ça, payant si bien !

Les trois hommes eurent bientôt gravi l’escalier d’un pas rapide et arrivèrent en face du numéro susdit. La porte était grande ouverte et un douloureux spectacle s’offrit à leurs yeux. Sur le lit, au fond de la chambre, une femme était couchée, jeune encore et admirablement belle, une pâleur de cire couvrait son visage ; sa main gauche pendait hors du lit et un mince filet de sang qui semblait s’en échapper avait taché le parquet.

Aucune trace de lutte. La mort avait dû être instantanée.

Lafortune, après le premier moment de stupeur, s’approcha du lit.

— C’est étrange, se dit-il, je ne vois pas de traces de sang, sauf ce petit filet qui semble provenir de la main… Mais elle a un doigt coupé ! s’écrie-t-il tout à coup.

— Oui, dit Ben, l’annulaire de la main gauche. Cela a dû être fait après sa mort, car son visage ne porte aucune trace de souffrance. C’est bien étrange !

Après avoir examiné soigneusement la victime, Lafortune procéda à l’inventaire de la chambre. Il ouvrit un petit secrétaire, dans lequel il trouva quelques bijoux sans importance et une certaine somme d’argent.

— Ah ! fit-il, le vol n’était donc pas le mobile du crime, mais alors !…

Un objet parmi les bijoux, attira son attention. C’était une petite breloque de chaîne de montre, un cachet sans doute, mais dont le chiffre avait été soigneusement limé.

— Eh bien ! fit Ben, avez-vous découvert quelque chose ?

— Pas encore, mon garçon.

— Eh bien ? moi j’ai fait une trouvaille, qui vaut son pesant d’or !