Page:Wanda - La femme au doigt coupé, 1886.djvu/3

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en cessant de lancer au plafond ses nuages de fumée, quoi de nouveau ? Je pense que vous avez mis mes lettres à la poste.

— Certainement, monsieur Lafortune. Je les crois même déjà parvenues à destination. Quant aux nouvelles, je ne sais rien, si ce n’est qu’il se prépare la plus belle tempête que nous ayons eue, cet automne ; mais, malheureusement, ce n’est pas nouveau, et je crois qui nous aurons de la pluie et du vent pendant quelques jours.

Ben disait ces mots, lorsqu’un violent coup frappé à la porte l’empêcha d’achever complètement sa phrase. Au mot « entrez », prononcé par Lafortune, la porte s’ouvrit et un policeman, l’air tout effaré, se précipita dans la pièce.

— Ah ! enfin je vous trouve monsieur Lafortune ! C’est épouvantable ! il vient de se commettre un crime affreux à quelques pas de chez vous.

— Et où donc, Joe ? exclama Lafortune.

— À l’hôtel Saint-André, répliqua ce dernier, une dame vient d’être trouvée morte dans sa chambre. Mais, si vous voulez me suivre sur les lieux, vous aurez bientôt de plus amples renseignements.

— Je vous suis mon garçon, dit Lafortune, le temps d’enfiler mon pardessus. Allons ! en route, Ben, et un peu vite !

— Un assassinat ! et par un temps pareil, exclama Ben. On était si bien au coin du feu.

Les trois hommes sortirent précipitamment et se dirigèrent d’un pas rapide, vers le lieu du crime. La rue, si déserte tout à l’heure était à présent littéralement encombrée par la foule. Les agents de police, bien qu’en nombre suffisant, avaient toutes les peines du monde à empêcher le flot d’envahir l’entrée de l’hôtel Saint-André.

— Pauvre femme ! disaient les uns : et belle ! ajoutait un autre ; c’est affreux ? qui donc a pu commettre un semblable attentat ?

— Sans s’arrêter aux exclamations de la foule, Lafortune et Ben, précédés du policeman, pénétrèrent dans l’office de l’hôtel.