Page:Wanda - La femme au doigt coupé, 1886.djvu/59

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avait entendu une partie de la conspiration. Je vais entrer le premier, dit-il, puis vous me suivrez aussitôt. J’ai mon plan tout préparé.

Les deux agents ne se le firent pas dire deux fois. Ils avaient eu le temps, pendant la route, d’apprécier combien étaient audacieux et excellents les plans de leur général en chef.

Ben sonna.

Quelques secondes s’écoulèrent.

Tout anxieux, il retenait son souffle, lorsque des pas résonnèrent à l’intérieur de la maison et la porte s’ouvrit.

— Bonjour Madame, fit Ben, je viens de la part de Simon, pour une communication très pressée.

Tout en parlant, il pénétra vivement dans la maison suivi de ses deux acolytes. Cynthia fit un geste d’effroi ; en reconnaissant le jeune homme qui avait failli l’étrangler, dans la maison du coteau Saint-Louis ; puis elle poussa un cri à l’aspect des deux hommes de police.

— Ah ! ce sont deux amis à moi, fit-il, nous sommes en promenade de ce côté-ci et j’en profite pour faire la commission dont j’ai été chargé.

Sortant alors de sa poche le doigt fraîchement coupé il le plaça brusquement sous les yeux de Cynthia en lui disant : « Connaissez-vous ceci ? »

— Ah ! le traître, exclama-t-elle, il m’avait juré qu’il l’avait jeté dans la rivière !

Sa figure était devenue aussi blanche qu’un marbre ; un tremblement convulsif agitait son corps ; ses dents s’entrechoquaient les une contres les autres.

— Vous avez entendu, messieurs, fit Ben : et je pense que cette preuve vous suffit. Au nom de la loi, Madame, je vous arrête.

Cynthia balbutia quelques phrases dans lesquelles elle essayait de se disculper, mais Ben l’arrêta.

— Ce que vous venez de dire, Madame, ne saurait se racheter. D’ailleurs toute résistance est inutile. Simon et Félix