Page:Whymper - Escalades dans les Alpes.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
31
CHAPITRE II.

mais, hélas ! nous en découvrions un autre, puis un autre, et toujours d’autres ; enfin, quand nous en atteignions le point culminant, ce n’était que le sommet d’un contre-fort, et nous
Contre-forts du Pelvoux
devions redescendre 12 ou 15 mètres avant de recommencer à monter. Renouvelée quelques douzaines de fois, cette évolution nous parut d’autant plus assommante que nous ne savions plus où nous étions. Cependant Sémiond nous encourageait, sûr, disait-il, que nous suivions le bon chemin. Nous repartions donc à l’assaut de notre terrible forteresse.

Nous étions presque au milieu du jour, et nous ne nous voyions pas plus près du sommet du Pelvoux qu’au moment de notre départ. À la fin, nous nous réunîmes tous pour tenir conseil. « Sémiond, mon vieux, savez-vous où nous sommes maintenant ? — Oh oui ! parfaitement ; à trois mètres près, à une demi-heure de la limite de la neige. — Très-bien, continuons. » Une demi-heure s’écoula, puis une autre, et nous étions toujours dans la même situation. Bastions, contre-forts, ravins s’offraient avec profusion à nos regards, mais le plateau ne se montrait pas. Sémiond venait de jeter autour de lui un regard effaré, comme s’il n’était pas parfaitement sûr de la direction à suivre. Appelé de nouveau, je lui répétai la question : « À quelle distance sommes-nous du plateau ? — À une demi-heure, répondit-il. — Mais vous nous l’avez déjà dit ; êtes-vous bien certain que nous sommes dans la bonne voie ? — Mais oui, je le crois. » Il ne faisait que croire, ce n’était pas assez. « Êtes-vous sûr que nous montons directement au pic des Arcines ? — Le pic des Arcines ! s’écria-t-il tout étonné, comme s’il entendait ces mots pour la première fois. Le pic des Arcines ! non ! mais nous allons en ligne droite à la pyra-