Page:Wiele - Lady Fauvette.djvu/363

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ridicules au bal, guindées, gourmées et niaises, c’est justement tous ces jolis cœurs, qui tourbillonnent autour d’elles et à qui il est entendu qu’elles doivent plaire !

À ce moment-là, elle enveloppait les jolis cœurs en masse dans un incommensurable mépris.

On se grisa de limonade et de sirop de groseille. On parla gentiment, sans contrainte, d’un tas de choses ineffablement puériles, les enfants étant très à l’aise, sentant la fête donnée pour elles et en leur honneur, les mamans rajeunies par l’atmosphère spéciale du lieu, le gazouillis de toutes ces voix pures qui babillaient, le parfum fade des fleurs d’hiver qui agonisaient, qui s’étouffaient sous les bouffées tièdes du gaz électrique.

Peu à peu, une sérénité profonde, un recueillement délicieux s’emparaient de Madame : les jeunes filles organisaient un cotillon ; on passait, dans de larges corbeilles d’argent, les accessoires tout pomponnés de faveurs blanches. Au plafond, les grappes de jasmins et de clématites continuaient à s’effeuiller ; on avait lâché les embrasses des lourds rideaux en velours de Gênes sur lesquels l’étamine blanche retombait, légère et molle comme un nuage ; l’orchestre jouait une marche au rythme lent. Et cela lui produisit l’effet magique, l’impression de charme vague et insurmontable d’une