Page:Wiele - Lady Fauvette.djvu/369

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rangement des meubles, le parfum des fleurs, le désordre des corbeilles à ouvrage, le choix des rares tableaux qui ornent la muraille, on puisse lire l’histoire de leur vie.

Une fois installé là, Monsieur se ressaisit, se reprend lui-même ; sa physionomie s’éclaire, son teint de plomb s’anime : il est chez lui, il subit le charme de son home ; il lui semble aspirer à pleins poumons l’atmosphère de leur premier foyer, ce parfum de jeunesse et d’heureuse insouciance répandu partout dans leur ancienne maison du boulevard : celle-là même où ils sont venus bien peu de mois après leur mariage, où ils se sont aimés, où est né leur fils…

Monsieur a allumé un cigare et, machinalement, il s’est approché d’une fenêtre ; il regarde à travers les vitres il neige. Et, de voir tomber cette neige silencieuse et tourbillonnante, il s’attendrit ; brusquement, le souvenir net d’une autre journée d’hiver semblable à celle-ci lui revient,… une autre journée où la neige s’allongeait comme cela, glissant de haut, sans bruit, mettant son fin duvet éblouissant sur la terre.

Alors, il songe qu’on est au 3 février, l’anniversaire de cette journée-là, justement ; et il a un remords à s’avouer que, sans la neige, il l’oubliait.

Dix ans déjà !… Dix ans qu’ils sont mariés !