Page:Wilde - Derniers essais de littérature et d’esthétique, 1913.djvu/31

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    Tu n’es point né pour la mort, immortel oiseau,
    Ni pour que des générations affamées te foulent aux pieds.
    La voix que j’entendis au cours de cette nuit fut entendue
    aux temps passée par l’empereur, par le paysan.

M. Rossetti nous dit que cette invocation est un solécisme palpable, ou palpaple (sic) de logique, « attendu que les hommes vivent plus longtemps que les rossignols ».

Comme M. Colvin fait une critique fort analogue à celle-là, en parlant d’« une faute de logique qui est en même temps… un défaut poétique », il valait peut-être la peine de signaler à ces deux récents critiques de l’œuvre de Keats, que Keats a voulu exprimer l’idée du contraste entre la durée de la beauté et la condition changeante et la déchéance de la vie humaine, idée qui reçoit son expression la plus complète dans l’Ode à une urne grecque.

Les autres pièces ne sortent pas moins malmenées des mains de M. Rossetti.

La belle invocation, dans Isabella :

    Portez vos plaintes vers elle, toutes, syllabes de gémissement,
      sortez des profondeurs de la gorge de la triste Melpomène
    Sortez en ordre tragique de la lyre de bronze
    Et faites vibrer en un mystère les cordes.

Cela lui paraît « une fadeur ».

La Bacchante indienne du quatrième livre d’Endymion est qualifiée de « buveuse sentimentale et tentatrice ».