Page:Wilde - Le Crime de Lord Arthur Savile, trad. Savine, 1905.djvu/216

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Les pauvres enfants n’avaient plus de lieu de récréation.

Ils essayèrent de jouer sur la route, mais la route était très poudreuse et pleine de pierres dures et ils ne l’aimaient pas.

Ils avaient pris l’habitude, quand leurs leçons étaient terminées de se promener autour de la haute muraille et de parler du beau jardin qui était par delà.

— Que nous y étions heureux ! se disaient-ils les uns aux autres.

Alors le printemps arriva et par tout le pays il y eut de petites fleurs et de petits oiseaux.

Dans le jardin seul du géant égoïste, c’était encore l’hiver.

Les oiseaux ne se souciaient plus d’y chanter depuis qu’il n’y avait plus d’enfants et les arbres oubliaient de fleurir.

Une fois, une belle fleur leva sa tête au-dessus du gazon, mais quand elle vit l’écriteau, elle fut si attristée à la pensée des enfants qu’elle se laissa retomber à terre et se rendormit.