Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/29

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étoiles se parent des honneurs publics et des titres superbes, tandis que moi, que la fortune prive de tels triomphes, je jouis d’un bonheur inespéré qui est pour moi l’honneur suprême,

et termine le sonnet en se félicitant de la condition médiocre de celui qu’il adorait tant.

Heureux suis-je donc, moi qui aime et suis aimé, sans pouvoir infliger la disgrâce ni la subir.

Cyril déclarait que ce sonnet serait tout à fait inintelligible si nous imaginions qu’il était adressé soit au comte de Pembroke, soit au comte de Southampton qui, tous deux, étaient des hommes de la plus haute situation en Angleterre et pleinement en droit d’être qualifiés de « grands princes. »

Pour appuyer cette opinion, il me lut les sonnets 124 et 125, dans lesquels Shakespeare nous dit que son amour n’est pas un enfant royal, qu’il n’est pas gêné par la pompe souriante, mais qu’il a été élevé loin de tout accident.