Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/320

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des théâtres populaires de Londres. Mais qu’on l’ait compris ou non, un fait reste acquis, que le goût et le tempérament ont été jusqu’à un certain point créés dans le public, que le public est capable de produire ces qualités.

Dès lors le problème se pose ainsi : Pourquoi le public ne se civilise-t-il pas davantage ? Il en possède la faculté ; qu’est-ce qui l’arrête ?

Ce qui l’arrête, il faut le redire, c’est son désir d’imposer son autorité à l’artiste et aux œuvres d’art.

Il est des théâtres, comme le Lyceum, comme Haymarket, où le public semble arriver avec des dispositions favorables. Dans ces deux théâtres, il y a eu des artistes originaux, qui ont réussi à créer dans leur auditoire — et chaque théâtre de Londres a son auditoire — le tempérament auquel s’adapte l’Art.

Et qu’est-ce que ce tempérament-là ? C’est un tempérament réceptif. Voilà tout.

Quand on aborde une œuvre d’art avec le désir, si faible qu’il soit, d’exercer une autorité sur elle et sur l’artiste, on l’aborde dans