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Page:Wilde - Poèmes, trad. Savine, 1907.djvu/203

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LA CHANSON D'ITYS

 La Tamise anglaise est bien plus sainte que
 Rome. Ces campanules, qui comme une montée
 soudaine de la mer, viennent envahir les bocages,
 avec, pour écume, la reine des prés et la blanche
 anémone pour tacheter les vagues bleues,--Dieu
 est ici plus manifeste que là où il se cache, dans
 l'étoile au coeur de cristal que porte un moine
 blême.
 Ces papillons aux reflets violets qui prennent
 pour tente ce lis à la teinte de crème, ce sont des
 monsignori, et là où s'agitent les roseaux, où un
 brochet paresseux se laisse flotter au soleil, les yeux
 à demi clos,--voici un vieil évêque mitre, _in partibus_.
 Regardez donc ces brillantes écailles toutes vert
 et or.
 Le vent, prisonnier qui s'agite sans repos dans