Page:Wilde - Poèmes, trad. Savine, 1907.djvu/209

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 d'Ariane abandonnée sur le port de Naxos, lorsqu'elle
 vit bien loin sur les flots le perfide équipage,
 qu'elle agita son écharpe rouge, et appela le
 trompeur Thésée, ignorant que tout près derrière
 elle était Dionysos sur une panthère couleur
 d'ambre,--des souvenirs de ce que vit
 le barde aveugle de Méonie, le mur de Troie, la
 reine Hélène assise dans la chambre sculptée, ayant
 auprès d'elle un amoureux jeune homme aux lèvres
 rouges, arrangeant de sa main mignonne la crinière
 de son casque, et bien loin de là, la mêlée, les cris,
 les plaintes, quand Hector écartait avec son bouclier
 la lance et qu'Ajax lançait la pierre,
 Ou c'est Persée ailé, qui, de son épée bien trempée,
 tranche les serpents entrelacés de la sorcière, ce
 sont tous ces contes fixés pour l'éternité sur les petites
 urnes grecques, charge plus riche que ne le
 fut le plus opulent galion d'Espagne à son retour
 des Indes. Car du moins de cette charge il arrive
 quelque partie
 et je sais bien qu'ils ne sont point du tout
 morts, les anciens Dieux de la poésie grecque; ils
 ne sont qu'endormis, et dès qu'ils entendront ton
 appel, ils s'éveilleront, et se croiront en pleine
 Thessalie. Cette Tamise leur sera l'eau de Daulis,
 cette fraîche clairière la prairie semée d'iris jaunes
 où jadis riait et jouait le jeune Itys.