Page:Wilde - Poèmes, trad. Savine, 1907.djvu/66

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ardent. Alors elle se retournait, regardait et ne cherchait

 plus à échapper au doux piège.
 «Aussi viens-t-en en mon embuscade, là où l'entassement
 de chèvrefeuille sylvestre entrelace une
 voûte pour les plaisirs de l'amour, où l'ombre frissonnante
 des myrtes paphiens semble sanctifier les
 rites les plus tendres de la volupté, là-bas dans les
 fraîches et vertes retraites de ses asiles les plus profonds,
 la forêt recèle un petit lac
 «hanté du merle d'eau, pâturage de l'abeille sauvage,
 car tout autour de ses bords flottent les grands
 lis d'un blanc de crème, retenus comme par des
 ancres vertes par leurs larges feuilles. Chaque corolle
 est un esquif aux blanches voiles, chargé d'or,
 avec une libellule placée au timon. N'hésite pas à
 quitter cette pâle grève que vient baiser la vague.
 Sûrement cet endroit est destiné
 «à des amants comme nous; la déesse qui règne
 à Chypre vient souvent, le bras enlaçant la taille de
 son jeune amoureux, s'y égarer le soir, et j'ai vu
 la lune rejeter son vêtement de brouillards devant
 les yeux du jeune Endymion. Ne crains rien, Diane
 au pas de panthère ne foule jamais cette clairière
 inconnue.
 «Ou, si tu t'y refuses, retournons vers la mer
 salée, retournons vers la vague tumultueuse, et
 promenons-nous tout le jour sous la voûte de cristal