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CHAPITRE II

BAIN DU MATIN


Donc je me réveillai, et je m’aperçus que j’avais fait tomber mes couvertures à coups de pieds ; cela n’était pas étonnant : il faisait chaud et le soleil était éclatant. Je sautai hors du lit, fis ma toilette, et me hâtai de passer mes habits, mais dans un état d’esprit brumeux et mi-éveillé, comme si j’avais dormi un long, long temps et ne pouvais secouer le poids du sommeil. En somme, je considérais comme un fait acquis que j’étais chez moi, dans ma propre chambre, plutôt que je ne voyais qu’il en était ainsi.

Quand je fus habillé, je trouvai l’endroit si chaud que je me dépêchai de sortir de la chambre et de la maison ; et ma première sensation fut un soulagement délicieux, causé par l’air frais et la brise agréable ; ma seconde, lorsque je commençai à reprendre mes sens, une incommensurable stupéfaction : car nous étions en hiver, lorsque je m’étais couché la nuit précédente, et maintenant, au témoignage des arbres du bord de l’eau, c’était l’été, un beau matin brillant, apparemment du commencement de juin. Pourtant la Tamise était encore là,