Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 96 —

mort… Il semble que cette fin nécessaire des mondes et de tous les êtres de la nature soit soumise à une loi déterminée. D’après cette loi, les astres qui sont les plus voisins du centre de l’Univers disparaissent les premiers, comme ils sont nés les premiers. À partir de là, la destruction et la ruine s’étendent de proche en proche jusqu’aux régions les plus lointaines par l’anéantissement successif des mouvements, pour ensevelir dans un Chaos unique tous les mondes qui ont traversé la période de leur existence. D’autre part la nature, sur les limites opposées du monde déjà formé, est incessamment occupée à façonner des mondes avec les matériaux des éléments décomposés ; et pendant que, d’un côté, elle vieillit autour du centre, de l’autre elle est toujours jeune et féconde en nouvelles créations. » Mais que devient la matière des mondes ainsi détruits ? « N’est-il pas permis de croire que la nature qui a pu, une première fois, faire sortir du Chaos l’ordonnance régulière de systèmes si habilement construits, peut bien de nouveau renaître aussi aisément du second Chaos, où l’a plongée la destruction des mouvements, et régénérer de nouvelles combinaisons ?… Après que l’impuissance finale des mouvements de révolution dans l’Univers aura précipité les planètes et les comètes en masse sur le Soleil, l’incandescence de cet astre recevra un accroissement prodigieux du mélange de ces masses si nombreuses et si grandes… Ce feu ainsi remis en une effroyable activité par ce nouvel aliment, non seulement résoudra de nouveau toute la matière en ses derniers éléments, mais la dilatera et la dispersera, avec une puissance d’expansion proportionnée à sa chaleur, et avec une vitesse que n’affaiblira aucune résistance du milieu, dans le même espace immense qu’elle avait occupé avant la première construction de la nature. Puis, après que la vivacité du feu central se sera calmée par cette diffusion de la masse incandescente, la matière recommencera, par l’action réunie de l’attraction et de la force de répulsion, avec la même régularité, les anciennes créations et les mouvements systématiques relatifs, et ainsi reformera un nouveau monde. Et lorsque chaque système particulier de planètes sera ainsi tombé en ruines, puis se sera régénéré par ses propres forces, lorsque ce jeu se sera reproduit un certain nombre de fois ; alors enfin arrivera une période qui ruinera et rassemblera en un même Chaos le grand système dont les étoiles sont les