Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/120

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sédons dans l’état présent de la Science aucune donnée pour estimer l’importance relative du frottement des marées ni celle de la résistance du milieu à travers lequel se meuvent la Terre et la Lune ; mais quelle qu’elle puisse être, il n’y a qu’un seul état final pour un système constitué comme celui du Soleil et des planètes, si son existence se prolonge pendant un temps suffisamment long sous l’empire des lois actuelles, et s’il n’est pas perturbé par la rencontre d’autres masses en mouvement à travers l’espace. Tous les corps de ce système se réuniront en une seule masse, qui tournera sur elle-même encore pour un temps, mais finira par rentrer au repos relatif dans le milieu qui l’entoure. »

Nous voilà bien loin déjà du résultat final auquel M. Faye a été conduit par la seule application des lois de Laplace. Mais faut-il s’en tenir là et, suivant l’expression de Kant, faut-il considérer la destruction du système solaire comme une véritable perte de la nature ? Nous avons vu ce grand esprit faire renaître ce système de ses cendres, par le retour à l’état de nébuleuse résultant de l’incandescence du foyer solaire ranimé par l’apport de la matière combustible des planètes. Il suffit de changer quelques mots à son exposé de la résurrection des mondes pour le mettre en complet accord avec les données de la Science actuelle. La Lune finira par tomber sur la Terre, celle-ci et toutes les planètes se réuniront au Soleil. Chacune de ces collisions sera l’origine d’un développement mécanique de chaleur, puisque les deux corps n’arriveront pas l’un sur l’autre sans vitesse ; et la Terre reprendra peut-être l’état nébuleux, ou tout au moins une température assez élevée pour pouvoir reproduire des satellites par le mode de génération qu’a indiqué M. G. Darwin. Le Soleil pourra de même reproduire des planètes. Les mondes ne périraient que pour renaître de leurs cendres, et préparer peut-être de nouvelles habitations à de nouvelles créatures qu’y placerait la Providence divine.

Quelque téméraires que puissent être ces vues sur l’avenir de l’Univers, j’ai tenu à les poursuivre jusqu’au bout, pour bien mettre en relief les idées nouvelles qui tendent aujourd’hui à s’introduire dans l’Astronomie. La Mécanique céleste, fondée sur l’application des seules lois de Newton, et considérant les planètes comme des points matériels ou des corps indéformables en mouvement dans le vide absolu, suffit à nous rendre compte des mou-