Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/137

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ciel, et, par leur amoncellement dans ce plan, produisent la bande lumineuse que l’on appelle la Voie lactée. Je me suis assuré que notre Soleil doit se trouver aussi presque exactement dans ce plan, par la raison que cette zone illuminée par d’innombrables soleils a presque exactement la forme d’un grand cercle. En examinant de plus près la cause de cette distribution des étoiles, j’ai trouvé fort vraisemblable l’opinion que les étoiles dites fixes sont bien plutôt des astres errants d’un ordre supérieur, animés d’un mouvement propre très lent. Comme confirmation de cette idée, que l’on trouvera exposée en son lieu dans la suite de mon travail, j’invoquerai ici une page extraite d’un écrit de M. Bradley sur le mouvement des étoiles fixes.

« S’il est permis de se prononcer à ce sujet (l’invariabilité ou la variation de position des étoiles), d’après les résultats de la comparaison de nos meilleures observations modernes à celles qui ont été faites antérieurement avec un degré tolérable d’exactitude ; il semble qu’il s’est produit un changement réel dans les positions relatives de quelques étoiles fixes ; et ce changement paraît être indépendant de tout mouvement de notre système et ne pouvoir être attribué qu’à un déplacement des étoiles elles-mêmes. Arcturus en est un exemple probant : car la comparaison de sa déclinaison actuelle avec celle que lui assigne Tycho ou Flamsteed fait ressortir une différence beaucoup plus grande que celle qui peut être attribuée à l’incertitude des observations.

On a des raisons de croire que d’autres exemples de même genre se présenteront parmi le grand nombre des étoiles visibles, car leurs positions relatives peuvent être modifiées par diverses causes. Si l’on imagine que notre système solaire change de place par rapport à l’espace absolu, ce mouvement devra, dans la suite des temps, occasionner un changement apparent dans les distances angulaires des étoiles fixes. Et dans ce cas, les positions des étoiles les plus voisines étant plus affectées que celles des étoiles très éloignées, leurs positions relatives en sembleront altérées, quoique les étoiles elles-mêmes restent en réalité immobiles. Si au contraire notre propre système est en repos, et quelques étoiles en mouvement réel, il en résultera de même une variation de leurs positions apparentes, et une variation d’autant plus grande que ces étoiles seront plus proches de nous, ou que leurs mouvements seront plus rapides, ou enfin que la direction de ce mouvement sera plus propre à nous le rendre perceptible. Puis donc que les positions relatives des étoiles peuvent changer pour des causes si variées, si l’on considère l’étonnante distance à laquelle il est certain que plusieurs d’entre elles sont placées, on comprendra qu’il faille recourir à