Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/161

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le savons, s’amoncellent toutes vers un plan commun, et forment par suite un ensemble régulièrement ordonné, qui est un monde de mondes. On voit qu’à des distances infinies il existe de semblables systèmes d’astres, et que la création, dans toute l’étendue de son infinie grandeur, est partout organisée en systèmes dont les membres sont en relation les uns avec les autres.

On pourrait encore s’imaginer que ces mondes d’ordre supérieur ne sont pas sans relation les uns avec les autres, et forment, en raison de ce rapport réciproque, un système encore plus immense. En fait, on voit que les formes elliptiques de ces astres nébuleux décrits par M. de Maupertuis ont une relation assez nette avec le plan de la Voie lactée. Il y a là un vaste champ ouvert aux découvertes, dont l’observation doit donner la clef. Les nébuleuses proprement dites, et celles auxquelles tous ne s’accordent pas à donner ce nom, devraient être observées et examinées au point de vue de ma doctrine. Si l’on voulait bien considérer les parties de la nature d’après des vues et un plan bien arrêtés, on découvrirait certainement des propriétés qui maintenant nous échappent et restent cachées, parce que l’observation s’éparpille sans fil conducteur sur toute espèce d’objets.

La doctrine que nous venons d’exposer nous ouvre une vue nouvelle sur le champ infini de la création, et nous amène à une conception de l’œuvre de Dieu proportionnée à la grandeur infinie de l’Ouvrier divin. Si la grandeur du monde planétaire, où la Terre n’est qu’un grain de sable à peine perceptible, plonge notre intelligence dans l’admiration, de quel étonnement n’est-on pas frappé, lorsqu’on voit la quantité infinie de mondes et de systèmes qui remplissent l’étendue de la Voie lactée ! Mais combien cet étonnement s’augmente encore, quand on s’aperçoit que ces innombrables systèmes d’étoiles ne forment qu’une unité d’un nombre dont les limites nous échappent, et qui pourtant n’est peut-être à son tour qu’une unité dans une nouvelle combinaison de nombres ! Nous voyons les premiers termes d’une progression continue de mondes et de systèmes, et cette première partie d’une progression indéfinie nous donne déjà à reconnaître ce qu’il faut penser de l’ensemble. Cette série n’a pas de fin, elle s’enfonce dans un abîme véritablement insondable, où sombre toute la puissance de l’intelligence humaine, cherchât-elle à s’appuyer sur la science des