Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/218

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matière fondamentale elle-même, dont les propriétés et les forces forment la base de toutes les modifications successives, est une conséquence immédiate de l’existence de Dieu ; elle doit donc être à la fois si riche et si complète, que le développement de ses combinaisons dans le cours de l’éternité puisse se faire suivant un plan qui comprend en lui tout ce qui peut être, qui ne reconnaît aucune limite, en un mot qui est infini.

Si donc la création est infinie dans l’espace, ou tout au moins, si elle a été infinie dès le commencement quant à la matière, et est prête à le devenir quant à la forme ou au développement, l’espace universel doit devenir animé de mondes sans nombre et sans fin. Mais cette liaison en systèmes, que nous avons constatée précédemment dans toutes les parties isolément, s’étend-elle à tout l’ensemble ; et l’Univers entier, le tout de la nature, est-il réuni en un système unique par la liaison de l’attraction et de la force centrifuge ? Je réponds oui ; s’il existait des mondes absolument isolés, qui n’eussent les uns avec les autres aucun lien de relation pour former un tout, il serait sans doute possible d’imaginer, en considérant cette chaîne de membres comme réellement infinie, une égalité absolue de l’attraction de leurs parties dans tous les sens qui pourrait garantir ces systèmes de la destruction dont les menace l’attraction mutuelle intérieure. Mais pour cela il faudrait que les distances fussent si exactement proportionnées à l’attraction, que le moindre changement entraînerait la ruine de l’ensemble ; et au bout de périodes, longues sans doute, mais qui auraient une fin, ces systèmes seraient inévitablement soumis à la destruction. Une constitution du monde, qui ne se conserverait pas sans un miracle, n’a pas le caractère de stabilité qui est le signe du choix de Dieu ; ce signe apparaît bien plus évident, si l’on fait de toute la création un système unique, qui rend tous les mondes et les systèmes de mondes dont est rempli l’espace infini dépendants d’un centre unique. Une fourmilière désordonnée de mondes, quelles que soient les distances qui les séparent, tendrait inévitablement vers le bouleversement et la ruine, si des mouvements systématiques ne leur imposaient pas une organisation déterminée par rapport à un centre commun, centre d’attraction de l’Univers et point d’appui de la nature entière.

C’est autour de ce centre général d’attraction de toute la nature,