Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/235

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stance de la lumière zodiacale, l’accumulation sur la surface de matières incombustibles ou déjà brûlées, comme les cendres, enfin le manque d’air, assignent un terme à l’activité du Soleil ; sa flamme un jour s’éteindra, et des ténèbres éternelles occuperont la place de l’astre qui est aujourd’hui le centre de la lumière et de la vie du monde. Les efforts intermittents de son feu intérieur pour briser la croûte qui l’ensevelit pourront faire renaître le Soleil à plusieurs reprises avant sa complète disparition, et pourront aussi fournir une explication de l’extinction et de la réapparition des étoiles variables. Elles seraient des soleils arrivés au voisinage de leur extinction, qui essayeraient à diverses reprises de se relever de leurs ruines. Que cette explication soit ou non plausible, cette considération pourra du moins certainement servir à faire voir que, puisqu’une destruction inévitable, quelle qu’en soit le mode, menace la perfection des mondes de tous les ordres, on ne peut trouver aucune difficulté à admettre que la loi précédemment énoncée de leur dépérissement ne soit une conséquence nécessaire de leur constitution mécanique, lorsqu’on voit cette constitution, par une singulière propriété, porter en elle-même les germes de leur résurrection, après qu’ils sont retombés dans le chaos.

Examinons maintenant de plus près avec les yeux de l’imagination ce que doit être un objet aussi merveilleux qu’un Soleil embrasé. Nous verrons d’un coup d’œil de vastes mers de feu, qui élèvent leurs flammes vers le ciel ; des tempêtes furieuses, dont la rage double l’activité de ces océans et tantôt les gonflent sur leurs rivages jusqu’à recouvrir les régions élevées de cet astre, tantôt les laissent retomber dans leurs limites ; des rochers calcinés, qui élèvent leurs pics menaçants du milieu des abîmes enflammés, et dont la submersion ou la mise à découvert par des vagues de feu produit tour à tour l’apparition et l’évanouissement des taches solaires ; des vapeurs épaisses qui étouffent l’incendie et qui, soulevées par la violence des vents, engendrent des nuages obscurs qui retombent en pluies de feu, et coulent en torrents embrasés des hauteurs des terres solides du Soleil[1] jusque dans les vallées en

  1. Ce n’est pas sans motifs que j’attribue au Soleil les inégalités d’une terre solide, des montagnes et des vallées, comme nous en rencontrons sur notre terre et sur les autres planètes. La formation d’un globe céleste, qui passe de l’état fluide