Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/236

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flammes ; le fracas des éléments, la chute des matériaux brûlés ; et partout en lutte avec la destruction, la nature qui, même au milieu de ces effroyables bouleversements, travaille encore à la beauté du monde et pour l’utilité des créatures.

Si les centres de tous les grands systèmes de mondes sont des corps enflammés, c’est surtout ainsi qu’il faut se figurer le corps central du système immense que forment les étoiles. Mais un tel corps, qui doit avoir une masse proportionnée à la grandeur de son système, s’il était un astre lumineux par lui-même, un Soleil, ne se manifesterait-il pas à nos yeux par son éclat extrême et par sa grandeur ? Pourtant parmi la foule des étoiles nous n’en voyons aucune qui se distingue des autres par un incomparable éclat. En fait, on ne peut trouver surprenant qu’il en soit ainsi. Quand bien même cet astre central surpasserait dix mille fois notre Soleil en grosseur, il pourrait cependant, si sa distance était cent fois plus grande que celle de Sirius, ne paraître ni plus grand ni plus brillant que cette étoile.

Mais peut-être est-il réservé aux temps futurs de découvrir au moins un jour où se trouve le centre du système d’étoiles auquel appartient notre Soleil[1], ou même peut-être de déterminer le

    à l’état solide, produit nécessairement de telles inégalités sur sa surface. Lorsque la surface se durcit, en même temps que dans la partie encore liquide les masses des matériaux pesants plongent vers le centre, les particules de l’air ou de l’élément élastique du feu, qui se trouvent entremêlées dans ces matériaux, en sont chassées, se rassemblent sous l’écorce devenue solide, et y produisent des cavités énormes proportionnées à l’énorme masse du Soleil, dans lesquelles finalement l’écorce supérieure s’effondre en se plissant de mille manières, formant ainsi des plateaux élevés et des chaînes de montagnes, en même temps que des vallées et les lits de vastes océans de feu.

  1. Il me semble très probable que Sirius est le corps central du système que forment les étoiles de la Voie lactée, et qu’il occupe le point vers lequel tendent toutes ces étoiles. Si l’on regarde ce système, d’après les idées développées dans la première partie de ce Mémoire, comme une fourmilière de soleils amoncelés aux environs d’un plan commun, et formant un amas aplati de forme à peu près circulaire dont l’épaisseur est déterminée par les légers écarts de ces soleils en dehors du plan de relations ; le Soleil, qui se trouve aussi au voisinage de ce plan, verra cette zone circulaire et blanchâtre sous une plus grande largeur du côté où il est le plus voisin de la limite extérieure du système ; car il est aisé de se figurer qu’il ne se trouvera pas exactement au centre. Or la bande de la Voie lactée a sa plus grande largeur dans la portion comprise entre les constellations du Cygne