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mension exige, d’après Laplace, la réunion en une seule masse des petites masses sphéroïdiques dans lesquelles l’anneau a dû se rompre peu de temps après sa formation. Cette réunion résulterait de la prépondérance d’une de ces masses par rapport aux autres, et de la petite différence de leurs périodes de révolution. M. Kirkwood a fait remarquer (Proceedings of the Amer. Phil. Society, avril 1880 et The Observatory, t. III, p. 409) que cette réunion exigerait un temps énorme, incompatible avec la formation ultérieure des satellites. « Deux portions de l’anneau neptunien placées de part et d’autre du Soleil ne produiraient aucune perturbation sensible sur leur mouvement relatif. Bien plus, si les fragments de l’anneau étaient distribués, le long de l’orbite, à peu près uniformément, leurs actions perturbatrices se détruiraient à très peu près les unes les autres. » On ne peut donc invoquer, en faveur de la réunion des portions un peu éloignées, que la différence de leurs vitesses de révolution. Or, « si l’on considère deux fragments A et B de l’anneau de Neptune, distants de 180° en longitude, et dont les moyennes distances au Soleil différeraient de 1 000 milles, il est aisé de montrer que la différence des vitesses angulaires qui en résulterait ne pourrait les réunir en un même noyau qu’au bout de 150 millions d’années ». Mais il faudrait qu’au bout de ce temps et après la formation complète de Neptune, celui-ci fût encore nébuleux pour donner naissance à son satellite d’après les idées de Laplace. Donc de ce chef et considérant aussi les données de la thermodynamique sur l’âge du système planétaire, la formation d’une grande planète aux dépens d’un anneau est impossible.

Cette objection est capitale. Mais il faut remarquer qu’elle s’applique à tout système qui fera naître les planètes de la condensation d’anneaux, extérieurs ou intérieurs à la nébuleuse solaire. Je ne crois pas qu’il y ait été donné de réponse satisfaisante. Si l’on admet l’origine annulaire des planètes, il faut admettre en outre l’existence, dans chaque anneau, d’un centre de condensation autour duquel s’est immédiatement réunie la plus grande partie de sa matière, au moment même de la rupture ou auparavant, le reste n’ayant donné naissance qu’à de la poussière de planètes. Dans l’expérience de Plateau, on voit bien un anneau se résoudre le plus souvent en un petit nombre de musses considérables, quelquefois en une seule accompagnée de très petits glo-