Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/63

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bules ; mais il existe dans le liquide une force de cohésion dont nulle trace ne se retrouve dans la nébulosité annulaire de Laplace. Il faut avouer d’ailleurs que les suppositions par lesquelles on a essayé de remplacer les anneaux de Laplace ne sont pas fort heureuses. M. Kirkwood (Proceedings of the Amer. Phil. Society, avril 1880 ; The Observatory, t. III, p. 446) admet que « chaque planète, à l’origine, s’est séparée d’un arc très limité de la protubérance équatoriale ; ou, en d’autres termes, qu’au lieu de produire un anneau, la force centrifuge a produit une rupture au point de moindre résistance dans la zone équatoriale… Par suite de cette séparation, la tendance à la dislocation le long de l’équateur s’est calmée pour un temps, et l’ellipticité du sphéroïde a été diminuée. Une condensation ultérieure accroît de nouveau la force centrifuge, jusqu’à ce qu’il en résulte une nouvelle rupture ou projection de matière. «

M. Kirkwood assimile cette projection aux éruptions d’hydrogène incandescent qui ont produit l’éclat temporaire de l’étoile de la Couronne en 1867 ; mais il est difficile de comprendre le rapport qui peut exister entre la nébuleuse solaire et une étoile déjà probablement encroûtée. Il semble que le hasard joue un trop grand rôle dans l’hypothèse de M. Kirkwood, pour qu’on puisse la placer à la base de la cosmogonie des planètes, dont l’harmonie actuelle ne peut être le résultat que d’un jeu de forces parfaitement régulier.

De quelque manière que se soit produite la nébuleuse planétaire, il n’est nullement certain qu’elle puisse subsister d’une manière durable. Il faut pour cela qu’elle satisfasse à certaines conditions qui ont été étudiées d’abord par M. Roche [Mémoire sur la figure d’une masse fluide soumise à l’attraction d’un point éloigné (Mém. de l’Acad. de Montpellier, années 1849, 1850 et 1851, t. I, p. 243 et 333 ; t. II, p. 21)], puis par M. Vaughan (Phil. Mag., nov. 1860). M. Roche a déduit de son analyse des résultats curieux.

La nébuleuse planétaire à son origine n’est pas un noyau entouré d’une atmosphère ; il faut plutôt l’assimiler à une masse fluide sensiblement homogène ; celle-ci est animée d’un mouvement lent de rotation, et soumise à l’attraction du noyau central de la nébuleuse solaire. Elle s’allonge donc sous la forme d’un ellipsoïde à axes inégaux, dont le plus grand est constamment dirigé suivant