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4o Plusieurs satellites sont à des distances de leur planète incompatibles avec l’hypothèse de Laplace. — Telle est la Lune, dont la distance à la Terre est plus grande que n’a pu être le rayon de l’atmosphère terrestre, à l’époque de sa formation ; tels sont, à l’opposé, le premier satellite de Mars et l’anneau intérieur de Saturne, dont la durée de révolution est moindre que la durée actuelle de rotation de la planète.

La formation des satellites est indiquée en quelques lignes dans le texte de Laplace ; il ne pouvait d’ailleurs se préoccuper d’exceptions peu ou point connues de son temps. Cependant j’ai déjà fait remarquer (p. 26) qu’il avait indiqué, à propos des satellites de Jupiter, une cause d’altération de la vitesse d’un satellite, qui a pu en réduire l’orbite et l’amener en deçà de la limite posée par le principe même de l’abandon des anneaux. Mais une analyse plus complète des phénomènes est nécessaire ; nous la devons encore à M. Roche [Essai sur la constitution du système solaire ; Remarques sur les satellites de Mars (Mémoires de l’Académie de Montpellier, 1877, t. IX, p. 123)], et, bien qu’elle n’explique pas encore tous les cas d’une façon entièrement satisfaisante, je vais la résumer brièvement.

Les satellites n’ont pas pu se former pendant la période primitive de la nébuleuse planétaire : celle-ci s’allonge dans le sens du rayon vecteur, la durée de sa rotation reste égale à la durée de sa révolution, la limite L reste invariable, et par suite il n’y a pas abandon d’anneaux. On peut déjà conclure de là que les satellites existants n’ont pas de satellites de second ordre, puisqu’ils ont conservé l’égalité des durées de rotation et de révolution. Ce fait tient : 1o à ce que ces satellites sont bien plus voisins de leur planète que celle-ci ne l’est du Soleil ; 2o à ce qu’ils ne se sont formés qu’aux dépens de la planète déjà très avancée en condensation, et qu’ils ont eu ainsi dès l’origine une densité considérable. Ainsi le rayon actuel du premier satellite de Jupiter est le 1/4 de l’atmosphère initiale de ce satellite, le rayon de la Lune le 1/36, tandis que la nébuleuse terrestre s’est contractée à un rayon qui n’est que le 1/230 de son rayon initial.

    que Laplace a par avance répondu à presque toutes les objections qui ont été formulées contre son hypothèse. Le paragraphe suivant nous en offre un second exemple.