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Durant la deuxième période de sa condensation, la nébuleuse planélaire tourne sur elle-même dans un temps moindre que celui de sa révolution ; mais elle est toujours soumise à une forte marée solaire, sous l’influence de laquelle l’abandon de matière s’effectue, comme pour les comètes, par les deux extrémités opposées du grand axe, qui varie sans cesse de position dans l’espace et par rapport à la planète. Il n’y a donc pas encore d’anneau régulier et par suite point de satellites.

La production d’un tel anneau ne peut commencer que lorsque, par l’accroissement de la densité, la marée solaire est devenue assez faible, et le noyau intérieur déjà assez dense, pour que la nébuleuse soit assimilable à la nébuleuse solaire elle-même. M. Roche calcule qu’au moment de la formation des satellites extérieurs, les allongements devaient être pour la Terre 0,0677, pour Jupiter 0,0039, pour Saturne 0,0074 et pour Uranus 0,035.

Il suit de là que les planètes les plus rapprochées du Soleil, étant soumises à une marée plus forte, n’ont pu donner naissance à leurs satellites que plus tard et à une moindre distance s’ils se sont formés normalement. La Lune étant très loin de la Terre, des circonstances exceptionnelles ont dû présider à sa naissance.

Déjà cette grande distance a été présentée comme une objection à l’hypothèse de Laplace, la nébulosité terrestre n’ayant pu s’étendre, dit-on, à l’époque où s’est formée la Lune, à 60 fois le rayon actuel de la Terre. La limite de cette nébulosité est, à toute époque, le point où la force centrifuge combinée avec l’attraction solaire fait équilibre à l’attraction terrestre. Cet énoncé de Laplace, appliqué dans le sens rigoureux de ses termes, montre qu’à l’époque où la rotation de la nébuleuse s’effectuait en 27j,3, durée de la révolution de la Lune, l’atmosphère terrestre ne s’étendait qu’aux trois quarts de la distance de la Terre à la Lune.

M. Roche a fait remarquer, en 1851 [Note sur la théorie des atmosphères (Procès-verbaux de l’Acad. de Montpellier) ; Mémoire sur la figure des atmosphères des corps célestes (Acad. de Montpellier, t. II, p. 399)], qu’il faut appliquer, dans le calcul de cette limite, non pas l’attraction absolue vers le Soleil, mais, comme dans le calcul des marées, l’attraction relative, c’est-à-dire la différence entre l’attraction exercée sur une molécule de l’atmosphère et celle qui s’exerce sur le centre de la Terre. On trouve